Abattoir – Peintures

L’abattage des animaux

Dès le 17e siècle, des animaux abattus constituèrent le sujet de certains tableaux et au 19e siècle, on représenta même des quartiers de viande de manière autonome, voir des membres ou des organes.

Le bétail abattu, découpé, vidé, faisait alors partie intégrante de la vie familiale.

Puis, la législation moderne a canalisé la mise à mort du bétail vers des installations spécialisées, artisanales dans un premier temps et de nos jours, automatisées.

Une sorte de tabou a toujours entouré l’abattage des animaux. Autrefois, il appartenait au rythme de la vie quotidienne. A présent il est presque toujours ignoré des consommateurs. La plupart d’entre eux répugneraient à voir tuer, saigner et découper les animaux dont ils se nourrissent quotidiennement.

Série Les Halles

A la fin des années 60, Jaap Gardenier séjourna à Paris pour y travailler. Le soir, il visitait les Halles et le pavillon Baltard où les camions remplis de carcasses arrivaient. Ils étaient déchargés par les bouchers complètement habillés de blanc, des pieds à la tête.

« C’étaient comme des sortes de prêtres d’une religion païenne. Ce spectacle était fascinant de couleurs, d’expressions, d’émotions, presque secret. C’était très curieux. »

Cela lui inspira un nombre important de dessins et une série de grandes toiles.

Série Abattoir

Un peu plus tard, au début des années 80, il reprend ce thème et se rend à l’abattoir de Grosage dans le Borinage en Belgique, où bœufs, porcs et moutons étaient abattus et découpés naturellement, à l’ancienne.

Le dialogue entre l’homme et son monde mécanique le bouleverse profondément. C’est l’émotion poignante ressentie devant ce drame qu’il cherche à exprimer. Sans la moindre violence, la brutalité de l’acte de mise à mort disparaît de ses compositions et les cadavres des animaux apparaissent au spectateur comme d’immenses organismes révélant la splendeur colorée de leurs tripes.

Peintures « Abattoir »

ICI Texte à remplacer :

En 1979, Théo Elfrink emmène ses amis peintres Jaap Gardenier et Jo Van Dreumel dessiner et peindre durant un mois dans l’abattoir de Grosage dans le Borinage. Il s’agit de l’abattoir de Fernande et Richard Laporte à Chièvre, où quelques jours par semaine les chevaux, porcs, bœufs et moutons sont abattus et découpés à l’ancienne. Les trois peintres y reviendront l’année suivante, puis Elfrink et Gardenier pour la dernière fois en 1981.
Sur place, Jaap Gardenier dessine comme il en est coutumier, rapidement. Certains dessins sont des esquisses, lorsqu’il croque les vaches en train de manger, leurs croupes ou les visages des hommes. Mais beaucoup de dessins faits sur le motif sont déjà totalement aboutis, dans leur vigueur immédiate. Plus tard, dans son atelier, et sur plusieurs années, le sujet mûrit, infuse. Les grandes toiles et les pastels, comme les lithographies, résultent d’une lente recomposition des souvenirs.
L’abattoir est un sujet dur, à présent presque tabou. Pourtant, les œuvres présentent une douceur inattendue, à travers l’harmonie des couleurs (roses tendres, jaunes, gris violacés), la puissance des compositions et la beauté sacrificielle des bêtes éventrées. Car dans cette série, l’homme est beaucoup moins présent que dans les Halles : au centre est la bête sacrifiée, pour laquelle le peintre nous invite à partager sa tendresse. S’il y a une transcendance dans l’œuvre de Jaap Gardenier, elle se trouve sans aucun doute dans cette série où les animaux abattus, à l’image du Bœuf écorché de Rembrandt, sont autant de métaphores de notre condition. Mais l’impression qui demeure reste l’émerveillement devant la beauté qui persiste jusque dans les carcasses.

Autres thèmes

  • Cf. le lien ci-dessous