B. Clot-Goudard

Texte édité in Catalogue New York City, 1996.
Bernadette Clot-Goudard

Dénuée de tout maniérisme, la peinture de Jaap Gardenier répond à une nécessité vitale de pénétrer dans la nature, …

… à la recherche, non pas du motif, mais de la réalité du monde sensible. Cette approche du vécu éclate dans des vastes compositions où de larges pans, presque monochromes, s’articulent les uns avec les autres, se recouvrent parfois, dans un dynamisme étonnant, avec le souci majeur de moduler les valeurs et faire retentir la couleur. 

Les œuvres de la série New York City,

… expriment le fourmillement et la trépidation du quartier noir de Harlem. Il y a la recherche, consciente ou non, d’une transposition musicale par le rapport des tonalités et le rythme de la composition. De grands aplats de couleurs sombres, sourdes, conversent avec des couleurs éclatantes parfois  même stridentes. Les contrastes s’opposent à la déclinaison des tons dominants, permettent à la forme ou au thème d’émerger et répondent à la sensation de s’approcher au plus près du réel.
Un trait, une tache lumineuse au milieu d’un pan donnent à la fois son centre et son sens à la toile. Certaines zones volontairement surchargées laissent deviner dans leur épaisseur la première couche, révélant ainsi la transparence et la richesse de la matière.

Le mouvement, la violence, se manifestent à chaque instant : de larges coups de pinceau brefs et rapides suggèrent la présence de corps humains.

Un jeu de perpétuelles contradictions, équilibre/perturbation, épaisseur/transparence, retenue/liberté, permet à Jaap Gardenier d’établir une synthèse entre le figuratif et le non figuratif, avec pour seule préoccupation d’être en accord avec lui-même et de trouver dans la respiration de sa peinture l’écho de celle de l’homme.